Mon chum Québécois

Le vent souffle si fort cette nuit là, je n'ose même pas observer par la fenêtre.
Tétanisée sous ma couette, mon imagination déborde car je sais qu'au petit matin, plus rien ne sera pareil.
J'entend les hauts sapins qui craquent sous l'effet des violentes rafales, je reste inquiète de ce qu'il pourrait nous arriver. Tout se vacarme perturbe mon sommeil déjà léger et quelques heures suffisent malgré tout à le réparer.
L'aurore arrive enfin et avec elle, le silence s'installe.
Avec appréhension j'ouvre les yeux et cours vers ma porte d'entrée .
Il fait froid, emmitouflée dans ma robe de chambre, je sors sur ma galerie en avant,
"Câline de Bean" !! S'échappe alors de ma bouche en voyant le travail désastreux de mère nature. Tel un vrai chaos, j'observe bouche bée, les plus gros arbres couchés au sol.
Nos terres ne sont pas encore sous l'emprise du manteau blanc de l'hiver, mais elles ne sauraient tarder.
Mon chum est conscient que le temps lui est compté alors il déploie soudain l'énergie nécessaire pour tronçonner en rondins les malheureux morts au combat.
Soigneusement, il range les lourdes buches en petits tas et avant la nuit, rentre se réchauffer près du poêle.
Il se dit que demain sera un autre jour et interrompe son labeur solitaire.
Apres une belle assiette de tourtière, il monte se coucher, épuisé.

Le jour est tout juste levé, mon chum québécois se rend compte que la luminosité diffère du jour précédent et comprend que la neige est venue compliquer son ouvrage.
C'est un vrai de vrai, son âge certain à traversé bien des tempêtes et le travail de bûcheron ne l'effraie en aucun cas.
La neige a prit soin de tomber uniformément entre les billots, recouvrant tout sur son passage, elle a changé ce lieu cataclysmique en paysage enchanteur.
Toujours aussi magique, le décor hivernale canadien apaise mes peurs passées.
Ce coup du sort a provoqué une aubaine, notre shed à bois bien remplie, nous a fait oublier l'infortune d'un déchaînement éolien.

À Michel