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Justinecésar.over-blog.com

Les pensées de Justine César... Ecrit sur les choses de la vie

Un été

Cet été la, seule, je marche d'un pas tranquille sur les étroites routes asphaltées autour de mon petit village du sud de la France.
La forte chaleur de ce mois de juillet, signe le début d'un labeur dont les agriculteurs doivent s'acquitter.
C'est le temps des moissons.
J'interromps un instant ma balade et prends le temps de contempler les immenses champs encore producteurs.
Cette année, les blés sont à l'honneur, à l'exception de quelques lopins de terre
qui profitent allègrement d'une jachère bien méritée. 
J'entends le frottement de ces milliers d'épis de blé séchés et leur blond vénitien atteste de leur maturité.
Devant moi, se joue une danse coordonnée à la perfection, c'est une valse, une chorégraphie dont le vent est l'auteur. C'est un spectacle unique et je me délecte en silence. 
Le bruit du frottement des têtes blondes les unes contre les autres, valide leur fin de vie. Dans les jours prochains, la moissonneuse batteuse obligera tout les volatiles à trouver un autre lieu pour se cacher.
J'essaie d'apercevoir l'un d'entre eux, de ci, de là, mais la hauteur des épis et telle, qu'il ne me reste qu'à écouter leur piaillements, je suppose alors que cette forte cacophonie et due à leur nombre important. Je ne sais pas s'ils jouent, ou bien s'ils profitent des graines tombées prématurément sur le sol, ou encore, s'ils profitent de l'ombre et ainsi supporter la température excessive.
Ce garde manger géant doit être le repère des centaines d'oiseaux car tout ce dont ils on besoin, est là, à leur disposition afin de passer un bel été.
Soudain, le battement d'ailes d'un papillon blanc, vient interrompre ma concentration visuelle et auditive. Il vient se poser sur un épis juste devant moi. 
Il a l'air de reprendre des forces avant un départ imminent vers l'inconnu.
Sa légèreté lui permet la stabilité nécessaire à son éphémère arrêt, le voilà se balancer en suivant les mouvements de la brise chaude, influant sur les pointes sèches. Le ballet incessant des épis à perte de vue s'intensifie à chaque rafale.
Béate devant eux, je suis la seule à savoir qu'il ne leur reste plus que quelques heures à vivre cette danse majestueuse . 
Je remarque alors, un solitaire pied de fleur des champs, sur le bord du chemin. 
Approchant mon nez près de son pistil, je m'étonne qu'aucun parfum délicat ne s'en dégage. Malgré son absence de senteur,sa couleur parme se révèle plus intense car le blond des blés a le pouvoir de la sublimer.
Demain tout cela ne sera qu'un souvenir...
Je reviendrai regarder avec une certaine désolation, l'exécution des chaumes par ses immenses machines agricoles. Les traces des gigantesques pneus marquerons le sol.
Il sera alors facile d'imaginer leur trajectoire sachant que le moindre centimètre carré sera décapité. À la fin de la journée, l'ensemble sera décimé et un autre décor prendra place. Plus épuré, ce champs ne dégagera plus aucun son, ni les piaillements d'oiseaux, ni le frottement des épis séchés, ni aucune douce musique...
Sans le savoir, le paysan à fait basculer son exploitation agricole en un tableau de maître.
Les balles de foin disposées, par ci par là, dans une logique désordonnée donnent un paysage connue de tous, souvent exprimés à travers des tableaux de peintres méconnus .
Elles resteront quelques semaines à l'air libre et continueront leur bain de soleil, jusqu'à l'arrivée de l'automne.

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